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S.D.F.

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De la burle aux alizés

Saltimbanques Des Flots

La vie du cubain

Le cubain travaille pour l’Etat,  pour un salaire d’environ 400 pesos soit environ 15 CUC. Tous  travaillent et il n’y a  pas de chômage.
Dans la marina de Santiago, nous étions trois bateaux (7 personnes) et une vingtaine de personnes y travaillaient, la notion de rendement n’existant pas. Au super marché quatre demoiselles tiennent une caisse, chacune d’elle surveillant l’autre et ainsi de suite jusqu’à la cheftaine en bas résille. Guère motivés, certains touchent cependant une petite prime pour un travail bien accompli.

Le cubain est logé par l’Etat qui lui attribue un logement en fonction de sa famille et du bon vouloir du parti. A Santiago, nous avons vu une maison séparée en trois appartements de deux pièces où vivaient 3 familles de quatre personnes. Les maisons sont délabrées et les entretenir revient trop cher.

Le cubain est soigné par l’Etat, il peut aller consulter gratuitement un médecin mais il n’y a pas (ou très peu) de médicaments. Il a une ordonnance pour des lunettes qu’il ne peut pas s’offrir.

Les enfants cubains vont à l’école en uniforme et celle-ci est gratuite. Les facultés et les grandes écoles sont nombreuses mais l’école de commerce dans un pays communiste reste un mystère.

Que leur reste-t-il donc puisque tout appartient à l’Etat? Le rhum, les bières et surtout la musique pour laquelle ils excellent et ils restent des soirées entières sur le perron de leurs maisons à boire, jouer de la musique et discuter avec véhémence.
Si, dans les villes, le cubain peut mendier, il est toujours très souriant, serviable et nous avons rencontré beaucoup de gentillesse dans les campagnes et les petits ports de pêche que nous avons visités. Jamais, même le soir, nous ne nous sommes sentis en insécurité.
Certes, le cubain ne nous parle pas sans regarder anxieusement autour de lui, il écrit sur sa main s’il veut nous dire un chiffre et l’efface aussitôt en crachant dessus.
Le cubain a peur de son voisin de son chef et de ses collègues. Dans une baie déserte, un pêcheur surveillé par son compagnon d’infortune n’a pas pu boire la bière que nous lui offrions sur le bateau et nous a demandé de ne rien dire pour le tour en annexe alors que ce brave homme était resté avec les garçons toute l’après-midi pour les aider à chasser les langoustes. Il a emporté la casquette et le savon comme des présents de Noël, cachés sous sa vieille chemise.

Voici la vie ordinaire d’un cubain  « pesos » dont le combat journalier est celui de faire vivre sa famille, chichement, avec les tickets de rationnement que lui donne l’Etat en fonction des arrivages dans les magasins et des combines diverses.
Mais il existe aussi des cubains « CUC » dont je vous parle dans le texte sur le tourisme.