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S.D.F.

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De la burle aux alizés

Saltimbanques Des Flots

Vente du fonds de commerce

Ce 31 août, nous l’attendions depuis le jour où, Monsieur Casalino, (nous l’appellerons ensuite Dominique) et nous
avions signé un compromis de vente pour notre pâtisserie.

Dès la veille au soir après le départ de mes enfants pour Paris, quelque chose se mit à marche dans ma tête et curieusement dans mon estomac aussi.
Je regardais en coin Patrick afin d’épier un signe de stress mais à chaque regard, plus le temps avançait, plus la joie illuminait son visage.
Il serait parfois même le poing à la manière d’un tennisman venant de remporter un set.

Avant de partir rejoindre Dominique, nous faisons un dernier tour « chez nous » dans cette boutique où depuis 16 ans
nous avons travaillé, vécu, ri, pleuré mais aussi... Mais aussi gagné assez d’argent pour pouvoir vivre l’aventure qui nous attend.

Quelques petites larmes avant de partir, un petit bisou et je pense pouvoir affronter ce rendez-vous sans gâcher une seule seconde la joie de mon mari.
Hélas, il n’en ait rien et simplement en apercevant Dominique, les sanglots me paralysent.
Certes, je suis contente de vendre.
Certes, je ne veux plus revivre Noël au boulot:
ces heures de travail mais surtout ces heures de stress, de préparatifs, de prévisions toujours un peu aléatoires, de gestion de personnel.
Oui, je veux que Patrick vive le rêve qu’il a amplement mérité.

Mais néanmoins mon cœur se serre à l’idée de quitter mes clients, ma boutique, mes voisins commerçants.
Devant le notaire, personnage emblématique aux yeux pourtant rieurs, au visage jovial et à l’attitude accueillante,
mon angoisse reprend de plus belle et ce gentil monsieur me tend, fort élégamment d’ailleurs, un paquet de mouchoirs.

La vente se déroule très courtoisement et très sereinement, le rêve s’est approché d’un pas-de-géant.