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S.D.F.

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De la burle aux alizés

Saltimbanques Des Flots

Bahamas, terre de contraste.

L’archipel des Bahamas, composé de sept cents iles et d’environ deux mille quatre cents cayes inhabitables, ne se trouve qu’à une journée de mer de la Floride.
Nous le rejoignons de Fort Lauderdale, traversant, en flottille de cinq voiliers, le fameux Gulf Stream fort redouté des navigateurs canadiens par vent du Nord.

Notre première escale sera aux îles Biminis, très peu peuplées mais accueillantes à souhait. L’eau, encore un peu fraiche, est d’une belle couleur turquoise et invite aux premières baignades.
En espagnol, Bahamas signifie « mer basse » et la navigation  est difficile dans ces eaux peu profondes où sévissent pourtant de violents et multiples courants. Par trois fois,des fronts froids arrivant du Nord nous obligent à nous réfugier dans des baies abritées.
Les capitaines redoublent donc de prudence mais cela nous permet de mouiller au milieu de nulle part et de poser notre ancre par trois mètres et à trente miles de la première côte.
L’eau est si claire que nous voyons les étoiles de mer posées sur le sable. Cette nuit magique et exceptionnelle  nous impressionne et nous donne un sentiment jusqu’ici inconnu !

Au large des Berrys, nous croisons trois baleines. J’avais aperçu leur souffle au loin et, désirant immortaliser l’instant, je m’installais au bord du bateau avec ma caméra. Lorsqu’elles approchèrent, leur taille me bouleversa et vous  verrez sur le film le ciel, la mer et le bateau ! Sur un fond sonore de « Patrick, j’ai peur ! », les baleines n’apparaitront pas sur la « vidéo gag » !

La capitale, Nassau, où vivent les deux tiers de la population, se trouve sur l’île de La Providence. C’est une ville animée, multicolore, bruyante, traversée par un flot incessant de voitures, minibus, taxis en tout genre.
Des bateaux de croisière viennent s’amarrer aux pontons et, dans un ballet perpétuel, déversent des hordes de touristes américains venus dépenser leurs dollars dans ce paradis fiscal.
Les banques « offshore », les magasins de luxe s’étalent, indécents, à deux pas des misérables maisons et des petites échoppes tenues par les locaux. Sur Paradis Island, les touristes flambent aux casinos, leurs superbes yachts amarrés à quai, les hôtels de luxe accueillent les milliardaires dans un décor de palais des mille et une nuits.
Un Bahamien sur deux travaille pour le tourisme qui représente soixante pour cent du produit intérieur brut  et un grand nombre de bateaux hissent le pavillon  de complaisance des Bahamas.

A Nassau, nous assistons à la fête de préparation de Noël. Des estrades, où a pris place la foule endimanchée, surplombent la rue centrale où défilent plusieurs  fanfares.
Celles-ci vont interpréter, l’après-midi durant, des chants nationaux, des chants populaires er une série de cantiques de Noël.
Une chorale, de noir et de rouge vêtue, entonne « l’alléluia » et la foule entière chante et se recueille.
Les fanfares, d’aspect un peu britannique, sont organisées, disciplinées, quasiment militaires mais leur style est ludique et joyeux : les baguettes de tambour passent de mains en dessous de mentons, traversent les rangs et retournent par la voie des airs au début de la rangée suivante !
Les voici, l’instant suivant, tous allongés par terre puis tournicotant dans tous les sens !
Deux chanteurs et une cantatrice accompagnent quelques chants et le public, en délire, tape des mains, des pieds, chante et chavire.
Ce spectacle, émouvant et haut en couleurs, nous remplit d’émotion et nous propulse dans la magie de Noël.

Nous passons Noël à Staniel Cay,dans les Exumas,en compagnie de  « Charade » et de « Rêve d’Océans », deux bateaux français. Avec l’aide des enfants, Patrick confectionne des truffes et des bûches au chocolat, ce qui rend le bateau un peu cacaoté mais résonnant des rires des frimousses chocolatées.  Nous nous rendons, en annexe, à la petite église baptiste qui nous reçoit pour la messe de minuit. Les cantiques sont d’une allégresse foudroyante, les embrassades finales chaleureuses.

Le lendemain, jour de Noël, nous visitons la grotte Thunderball ; l’accès n’est pas très aisé pour mon petit niveau de plongée mais, accrochée au bras de Patrick, je pénètre dans cet aquarium où poissons multicolores, raies, langoustes, étoiles de mer se laissent approcher. Dans cette magnifique grotte a été tourné un film de James Bond, dans les années soixante.
Sur la plage voisine, des cochons sauvages nagent au bord de l’eau et se refugient dans le sable pour se réchauffer. L’après-midi se termine avec le feu sur la plage et les marshmallows grillés ! Quel beau Noël!

Notre dernière escale a lieu à Gorges Town, où nous fêtons le nouvel an avec nos canadiens et nos polonais retrouvés. Gaviota Cay est un point de rendez-vous important pour les bateaux canadiens et certaines pénichettes y restent même à l’année. Elles portent des noms de fruits « papaya », « pinapple », « mango »….
Une petite dizaine de jours (et de nuits) nous sera sans doute nécessaire pour revenir sur les iles vierges britanniques ou sur Saint-Martin, en fonction de la météo.