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S.D.F.

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De la burle aux alizés

Saltimbanques Des Flots

HUAHINE, L’ILE MEMOIRE.

Nous voici à nouveau, en ce mois de septembre, sur l’archipel de la Société.
Celui-ci est divisé en deux groupes, les îles du vent, dont Tahiti et Moorea, entre autres, que nous avons déjà visitées et les îles sous le vent dont Huahine fait partie.
En partant de Moorea le soir, nous découvrons Huahine au petit matin, le lendemain. Cette île haute, volcanique est entourée d’un lagon aux eaux turquoise. La topologie de l’île est particulière, les sommets dessinent dans l’horizon une dame enceinte allongée, trois montagnes représentent sa tête, sa poitrine et son ventre. Cette vision peut expliquer le nom de l’île, signifiant « femme », mais la gouvernance de ce territoire ayant appartenu aux reines, les avis sont partagés.

Huahine est composée de deux îles, Huahine Nui, au Nord où le Mont Turi culmine à 669 mètres et Huahine Iti, plus basse avec les 462 mètres d’altitude du Mont Puhueri. Ces deux îlots sont séparés par un chenal d’une faible profondeur et de petite largeur.
Huahine abrite environ 6000 habitants, sa superficie est de 74 km carrés.

Nous mouillons au village de Faré, la capitale, belle agglomération au supermarché bien achalandé, au marché quotidien débordant de fruits, légumes, aux boutiques de souvenirs et d’objets artisanaux, au bar proposant une « Happy Hour » animée et très joyeuse.
Le tour de l’île en voiture nous permet d’admirer de superbes paysages, des vues imprenables sur les couleurs du lagon, la forêt tropicale, les maisons colorées et savamment entretenues.
Nous aurons la chance de visiter  avec François, un marquisien, une plantation de vanille. Patiemment, il nous explique son travail, le mariage des fleurs, la taille des branches, le ramassage et le séchage des gousses. C’est son doigté et son expérience qui font le travail  de l’abeille, les plants de vanille croissent sous de gigantesques ombrières.
La terre est bien exploitée et toutes sortes de légumes et de fruits sont vendus sur place et exportés vers Tahiti : Taro, bananes, ignames…
Sur les îlots longeant la côte nord, les melons et les pastèques sont cultivés.

Chemin faisant, nous rendons visite à de grandes anguilles sacrées aux yeux bleus. Elles vivent dans un petit ruisseau descendant de la montagne et attendent la nourriture apportée par les touristes sur laquelle elles se jettent avidement et frénétiquement.
Sur l’île, une trentaine de marae est restaurée, les amateurs d’archéologie et d’histoire se régalent.
Des pièges à poisson archaïques mais entretenus avec soin, car très efficaces, sont présents sur le lac intérieur, à la pointe de l’île. Ils sont composés de rangées de pierres disposées en forme de « V », puis de petites piscines pour stocker le poisson piégé avec la force du courant.
Le lagon est navigable, et, même par mauvais temps, nous pouvons nous rendre dans la réputée baie Haapu, y déguster le four tahitien du dimanche midi, nager avec les raies manta et pastenagues.

Les sportifs sont au rendez-vous, nous nous régalons d’admirer les sauts impressionnants des kit surfeurs qui jouent avec le vent et les rouleaux des grandes vagues, même sous des rafales de trente nœuds.
Les surfeurs sont sur place dès le matin, après avoir traversé la passe et attendent les rouleaux les plus imposants pour se jeter à l’intérieur et se laisser glisser dans le tube.
Sans se lasser, en poussant parfois des cris de joie que l’on entend du bateau, ils remontent sur le côté en ramant avec les mains, puis recommencent, et ainsi de suite… Ils ne rentrent qu’à la nuit, épuisés, salés, et affamés.

Si l’eau est transparente, les coraux, quant à eux, sont morts ou très ternes, les poissons sont rares et les plongées décevantes
Par contre, le spectacle des baleines nageant à l’extérieur du lagon, contre la barrière nous ravit et, en annexe, nous les rejoignons, les suivons.
Ce matin, elles étaient accompagnées par une vingtaine de dauphins. Tout en sautant et tournoyant, ils nous indiquaient à coup sûr leur emplacement et nous avons pu être sur place pour plusieurs de leurs sorties de l’eau.

Huahiné, île touristique certes, mais à petite échelle, nous semble encore bien « polynésienne ». Les gens y sont toujours souriants, accueillants, et nous ne sommes pas déçus de notre visite dans cet îlot authentique, où la douceur de vivre et la convivialité font écho au rythme nonchalant et paisible auquel nous sommes habitués.