en_tete
S.D.F.

Télécharger le livre
De la burle aux alizés

Saltimbanques Des Flots

TRANS-PACIFIQUE, LA GRANDE TRAVERSÉE!

Ça y est, nous y sommes!
Une grande traversée, c'est une aventure pensée et réfléchie si longtemps à l'avance que, lorsqu'elle arrive, et malgré tout le temps de préparations, nous sommes un peu déconcertés, étonnés et perdus devant l'enjeu formidable, parcourir ces milliers de miles nautiques entre  Les Galápagos et les Gambier, à deux, sur notre bateau, seuls au milieu du Pacifique.

SEULS, LE SOMMES - NOUS VRAIMENT?

Nous disposons à bord de fantastiques moyens de communication:
- un téléphone satellite, l'Iridium, qui nous permet d'appeler la famille, de prendre les mails et de recevoir la météo.
- une B.L.U.,( émetteur /récepteur radio) nous permettant également d'envoyer et de recevoir mails et bulletins météo.
- deux adresses mails confiées à la famille proche, histoire de recevoir quelques bonnes nouvelles.
- Cathy et Gilles, naviguant sur leur voilier Cyale, prennent la mer en même temps que nous, dans la même direction et nous resterons en contact avec eux, par téléphone ou par  V.H.F., tous les trois ou quatre jours.
- Armand, leur routeur, va également nous diriger, nous indiquant une route à suivre, en fonction de la météo, du vent, des courants et des vagues. Chaque jour, nous lui envoyons notre position et les paramètres rencontres, il nous répond et nous recommande les waypoints les plus optimisés, merci encore de tout cœur, cher Monsieur!

Nous sommes donc des aventuriers des temps modernes, certes, mais aventuriers quand même et, ce 15 juin, quand nous quittons notre charmant mouillage, nos cœurs sont un peu serrés, l'émotion est palpable, le moment intense.

QUELS ONT ÉTÉ NOS PRÉPARATIFS?

Nous sommes partis de Panama avec un bateau déjà bien rempli, en ayant pris soin d'acheter sur le continent sud- américain la plupart de nos courses alimentaires, l'épicerie courante, les derniers leurres pour la pêche, et des batteries neuves.
Les bons produits français sont à bord depuis notre passage en Martinique, au mois de janvier et, dans les coffres, se cachent biscottes, pain grillé, boîtes de pâté, et autres denrées spécifiques.
Aux Galápagos, nous faisons un dernier avitaillement, les légumes et les fruits sont d'une qualité exceptionnelle, ils proviennent des plantations de l'île, n'ont pas été mis en réfrigérateur, ne contiennent pas de produit chimique, nous les conservons longtemps, et terminons la traversée avec des tomates bien rouges et des poivrons en parfait état.
Nous avons acheté soixante- quinze oranges pour l'équivalant  de quatre euros, une moitié de régime de bananes, des ananas encore verts, fraichement cueillis, nous sommes parés en vitamine C, nous n'attraperons pas le scorbut, c'est certain!
Nous avons aussi embarqué quatre grands pains frais, quatre paquets de brioche longue conservation, et quatre pains de mie avec conservateurs, et, conservés au réfrigérateur, nous pourrons  manger du bon pain jusqu'à la fin du voyage.  
Nos réservoirs d'eau contiennent six cent litres, nous avons en réserve une bonne centaine de litres d'eau en bouteilles et nous remplissons régulièrement des bouteilles d'eau à boire grâce à notre déssalinisateur.
Côté gasoil, des bidons de réserve sont installés sur le pont, solidement attachés aux filières, d'autres jerricans sont stockés dans les cales moteur, le réservoir est plein, soit un total de  500 litres.
Pour le compresseur de plongée, le moteur de l’annexe, nous avons également une centaine de litres d’essence, les plongeurs et amateurs de wake-board pourront nous rejoindre.

En plus d'être une épicerie, une station- service, notre catamaran est aussi une pharmacie flottante, avec un bon nombre de médicaments, de pommades, de seringues, de rouleaux de plâtre..., un atelier de bricolage avec une panoplie d'outils en tous genre, ponceuse, perceuse, fer à souder, et de nombreuses trousses à outils avec matériel électrique, mécanique, de plomberie...
Un important stock de pièces de rechange à été acheté: poulies, sangles, bouts, pompes, alternateur, manilles, piles, leds...., mais, cependant, nous ne pouvons pas  tout avoir en double, à moins de trainer derrière nous un autre S.D.F.!
Nous disposons également à bord d'une mini bibliothèque, avec plus de huit cent livres, dont la plupart sur l’ Ebook,  et un I Pad, (deux magnifiques cadeaux de nos enfants), avec jeux,  programmes en tout genre et un arsenal de films récupérés ça et là.
Ah!, j'allais oublier  l'équivalent d'un petit rayon pêche d'un supermarché et un mini magasin de laines, coton, aiguilles et crochets.
Des préparatifs sérieux, complets n'assurent pas la réussite de la traversée, c'est certain, mais permettent de larguer les amarres l'esprit libéré et donne une certaine confiance matérielle non négligeable.

MAIS COMMENT OCCUPER CES JOURNÉES? ET CES NUITS ?

C'est le grand paradoxe et l'incroyable mystère de la vie en mer, le temps passe vite, très vite et il arrive que le soir, en regardant le soleil décliner lentement à l'horizon, nous nous demandions comment la journée  à pu se dérouler aussi vite, sans que nous voyons le temps passer, ni les heures défiler.
Les trois grandes occupations essentielles, vitales et captent une bonne partie de notre énergie: il faut naviguer, dormir et manger.

La navigation est surtout le domaine de Patrick, c'est lui qui gère la route, choisit le cap, règle les voiles, trace des routes fictives en fonction de la météo reçue par le routeur. Il assurera également tous les quarts de nuit, lorsque le vent et la mer seront un peu capricieux et que le réglage des voiles dans ces moments difficiles dépassera ma compétence.
Cependant, nous manœuvrons généralement  à deux, je m'occupe du génois, du chariot lors des empannages, du lovage  de la drisse de grand voile, et j'obéis au fameux "Face au vent! " bien connu de toutes femmes de marin lors des prises de ris!
Nous aurons aussi à faire face à des incidents matériels, casse d'une poulie, du réa de drisse de grand -voile, du support métallique de la poulie d'écoute et chaque réparation demandera réflexion, travail, débrouillardise, et patience.

La gestion du sommeil, en mer comme à terre, d'ailleurs, est vraiment propre à chaque individu.
Patrick, de part son métier mi-nocturne et à son habitude et à sa faculté de " dormir vite", acquises par les surcroits de travail à la pâtisserie, ne souffre pas trop de ces petits sommeils entrecoupés, hachés, morcelés.
Quant à moi, je suis, comme mon Papa, une grosse dormeuse et j'ai besoin de plus dormir, plus longtemps et plus régulièrement.
Nous avons pris des quarts les premières nuits, près des îles des Galápagos, et pour  les dernières,  en arrivant sur l'archipel des Gambier, mais également les nuits, lorsque le vent soufflait fort, avec une mer plutôt agitée.
Ces nuits-là, nous les découpons en quarts de quatre heures, je vais me coucher tôt, aux alentours de vingt heures, je me relève à minuit, veille jusqu'à quatre heures trente environ et Patrick assure le restant des heures de nuit.
Lorsque le bateau n'est pas trop secoué, il est alors possible de lire, de tricoter ou, éventuellement de regarder un film, tout en s'interrompant de temps à autre pour assurer la sécurité,  mais par gros temps, la surveillance de la direction et de la force du vent nous occupe à plein temps.
Dans la journée qui suit, les petites siestes en sont légitimées et nous en abusons parfois, surtout moi!

Et nous arrivons au chapitre essentiel de la vie de tous les jours, à une des occupations principales, celle de se nourrir, et de bien se nourrir.
Notre principal ingrédient n'a pas été acheté au supermarché, ni embarqué de force sur le bateau, il se trouve encore dans la mer, à nous d'aller le chercher.
La mer à été généreuse pendant cette traversée, nous avons pêché un thon jaune, cinq dorades, un thazard bois, chacun de ces poissons pesant plus de cinq kilogrammes, et, en bouquet final, deux beaux thons de quatorze et quinze kilogrammes.

Mais nous en avons raté au moins autant, parfois après une heure de lutte, et nous avons assisté à un spectacle émouvant que je ne peux m'empêcher de vous raconter:
Patrick s'acharnait depuis un bon moment à remonter une dorade coryphène et nous apercevions déjà ces belles couleurs à travers l'eau claire. Les dorades sont bleues, jaunes, vertes et, parait-il, changent sept fois de couleurs avant de mourir.
Celle-ci arrivait, bien attachée au leurre par un gros hameçon, sur la jupe arrière du bateau et nous avons vu son compagnon, ou sa compagne, la suivre dans ses allées et venues, dans sa bataille contre la mort, jusqu'au moment où, sans nul doute, encouragée par son soutien, elle se détacha! Les deux dorades repartirent très vite, j'étais émue et contente, Patrick un peu déçu tout de même!

Mais le poisson ne passe pas directement de la mer dans notre assiette, il est nécessaire de le vider, de le découper et de le cuisiner.
Et, croyez- moi, au bout de trois semaines, nous nous régalons encore avec de nouvelles recettes, et le thazar aux petits légumes, le thon en papillotes aux oignons, (recette de Tonton Jojo), la dorade frite aux poivrons et orégon nous laisserons des souvenirs gustatifs inoubliables.
Nous avons aussi confectionné des conserves de chair de dorade et de thon, histoire de ne pas gâcher le surcroît de nourriture, il n'est pas possible de pêcher des moitiés de poisson!
Mais nous mangeons aussi des légumes ; les oignons, poivrons, tomates, carottes, font de délicieux accompagnements et nous passons du temps, puisque nous ne sommes pas pressés, à découper, cuisiner, assaisonner, en variant les idées gourmandes.
Notre navigation ayant été confortable, nous avons pu prendre nos repas à table, sans que nos assiettes ne débordent ni que nos verres ne se renversent, et profiter pleinement de ces instants tranquilles, paisibles.
En dehors de ces trois occupations, nous regardons la mer, le ciel, et regardons passer la vie, je vais vous expliquer....

MAIS QUE VOYONS-NOUS EN MER?

À priori, en pleine mer, nous ne devrions pas  voir grand chose, mais, avec patience, nous observons avec contemplation les vagues. Certains jours, la mer est calme, tranquille, paisible, de petites vagues ondulent à la surface, créant un léger clapet, dont l'écume s'envole dans le vent faible.
D'autres jours, la houle crée d’immenses vagues d'une hauteur de trois à quatre mètres, le bateau monte, puis descend sur ces ascenseurs, sans heurt, en glissant et en surfant.
Ce qui est beau, impressionnant, mais nettement moins confortable, ce sont ces vagues croisées, certaines arrivant d'une zone de vent et d'autres provenant d'un vent d'une direction contraire. Dans ce cas, les vagues s'entrechoquent, s'emmêlent, se heurtent parfois avec violence, l'écume est blanche, puissante et le catamaran, au milieu de cet imbroglio aquatique, ne sait plus ou donner de la coque!

Et le ciel, mes amis! Pas un jour sans que les nuages soient différents, nous avons eu droit à un ciel bleu azur, parsemé ça et là de petits moutons blancs, de nuages effilés, de plumes légèrement bleutées, de nuages d'alizés rangés en lignes parallèles à l'horizon, ou de gros cumulus annonçant les grains.
Les levers de soleil sont chaque jour un spectacle éblouissant, les couchers du soleil autant d'occasion de prendre le frais sur le pont, émerveillés, les yeux dans le vague, admirant ces couleurs rouges, oranges, écarlates qui illuminent les cieux.
Nous avons navigué avec la lune, ma grande amie depuis que j'ai constaté que la pleine lune avait lieu le même jour, où que vous soyez sur la terre.
Tout petit, Charles- Antoine avait fait la remarque à ma maman, en lui disant que la lune de Saint- Agrève était la même que celle de Champagne au Mont d'Or, où nous habitions à ce moment- là!

Nous n'avons pas eu le bonheur de voir des baleines, mais celles que nous avions croisées aux Bahamas m'avaient cause plus de peur que de plaisir! Au début de la traversée, nous avons partagé la route de centaines de dauphins, petits et gros, jouant et sautant autour du bateau, puis admiré des nuages entiers de poissons volants, parfois loin, en avons cueilli le matin des dizaines, échoués sur le pont avec leurs amis les calamars.
Une nuit, un poisson volant à atterri dans notre lit, à travers un petit hublot du cockpit resté ouvert. Patrick a senti frétiller sur sa jambe, s'est réveillé en sursaut et a rejeté à la mer cet aventurier un peu coquin, nous obligeant à changer les draps après un bon fou- rire!

COMMENT REGARDER PASSER LA VIE?

En grande traversée, malgré toutes les occupations que je vous décrivais précédemment, nous avons aussi du temps quand, le bateau bien propre, les voiles bien réglées, les estomacs calés, le dernier livre achevé, l'ouvrage en cours abandonné,  le film du soir regardé, côte à côte sur notre canapé, la journée s'étire en silence.
Tout devient réflexions,  pensées, méditations, les idées vagabondent et nous pouvons prendre le soin de les analyser, de les approfondir, de les creuser, de réfléchir lentement, sur soi et les siens, sur le passé et le présent, et sur l'avenir....
Notre vie, comme celle de la plupart d'entre vous, à été faite de joies et de peines, de moments inoubliables et de journées que l'on voudrait ôter de sa mémoire, mais parfois l'heure du bilan sonne, on se sait pourquoi, entre deux émotions, deux souvenirs, deux réflexions oubliées remontant à la surface.
Quel bonheur de laisser son esprit vagabonder, de chanter ou de prier en silence, de laisser les bons mots de nos enfants se rappeler à nous, les moments de partage revenir dans nos esprits et de revivre, au ralenti, les grands instants de notre vie de famille!
Avoir le temps, quel confort, quel luxe!
Non, décidément, nous n'avons pas eu le temps de nous ennuyer, à aucun moment les jours nous ont semblé longs et, au bout des trois semaines en mer, nous avions l'impression d'être partis quelques jours auparavant.

TOUT CE BONHEUR A-T-IL UN PRIX?

Bien évidement, seuls dans cet immense océan, la discipline, la rigueur, le bon sens et la prudence sont de mise. Bien plus, ces contraintes sont indispensables à la faisabilité de cette aventure qui a un prix, le prix de la liberté!

Depuis son adolescence, Patrick rêvait de partir naviguer, ce qui n'était absolument pas mon cas. Terrienne jusqu'aux bouts des ongles, j'ai du apprendre à vivre avec  ces quelques règles qui, au départ, je l'avoue, me semblaient un peu disciplinaires.
Peu à peu, et certainement beaucoup plus vite que je ne l'aurais imaginé, j'ai appris à conjuguer avec et, non seulement je les comprends mais elles font maintenant partie intégrante de ma façon de vivre: c'est le cas des économies, de la gestion, de la sécurité à bord.

LES ECONOMIES:

Non, non, nous ne sommes pas devenus radins, loin s'en faut. Je parle ici de l'économie d'eau douce, essentielle à la survie en mer et des économies d'énergie.
Garderons- nous longtemps nos habitudes de marins, ferais- je toujours cuire les œufs  durs en même temps que le riz à l'eau ? Saurons- nous, à terre, nous doucher avec quatre litres d'eau, et utiliser moins d'un verre d'eau pour le lavage des dents?

Le réfrigérateur, le pilote automatique, indispensable et  grand chouchou de l'équipage, et nos ordinateurs consomment de l'électricité mais nous sont utiles pour la conservation des aliments, la navigation, les films, les jeux et l'écriture. Deux fois par jour, lorsque nous naviguons à la voile, nous mettons un moteur en marche, à bas régime, afin de recharger ces instruments nécessaires.

LA GESTION:

 Depuis Panama, je gère un stock de marchandises assez important et, sur les conseils avisés de Patrick et malgré ma réticence première, j'ai un inventaire précis. Chaque fois que je sors un jus de fruits, une bouteille de sirop ou une conserve, je le déduis de mon inventaire, élémentaire!

LA SÉCURITÉ :

En mer, comme en montagne, le risque zéro n'existe pas, et chaque soir qui tombe apporte, surtout par mauvais temps, son petit lot d'angoisses et de doutes.
Cependant, nous sommes prudents, et mettons consciencieusement nos gilets avec harnais intégrés pour toute manœuvre nocturne.
La nuit, je ne sors pas du cockpit.
Quand le bateau bouge beaucoup, la consigne " une main pour le bateau" est fort recommandée mais j'ai terminé la traversée avec des hématomes sur les hanches, après m'être cognée régulièrement sur les rebords de table, d'évier ou contre l'angle du meuble de cuisine.
Je ne faisais pas la fière quand, hissée sur les épaules de Patrick, j'ai du remettre la latte de l'easy bag dans sa gousse.
Le rangement, la propreté, la vigilance alimentaire sont des aides précieuses au bon déroulement des navigations, et, sans toutefois parer à tous les risques, permettent d'en limiter la plupart.

Durant ces vingt- deux jours de mer, nous avons eu des grands moments de joie, mais aussi quelques passages difficiles, petits hauts et bas de la vie quotidienne avec des sentiments exacerbés par la vie en bateau.

LES MOMENTS DIFFICILES:

Encore une fois, deux jours après le départ, j'ai été victime d'un mal de mer coriace. La mer, avec des creux de trois mètres, secouait le bateau en tous sens, et, malgré un Scopoderm sur l'arrière de l'oreille et du sparadrap sur le nombril, astuce envoyée par tonton Jojo (vous savez, celui du thon en papillotes), je n'étais pas au mieux de ma forme. Dans ces moments-là, il est vrai que le temps semble long, vautrée sur le canapé ou alitée, je culpabilise de laisser tout le travail à Patrick, je souffre des maux de ventre, et la peur prend vite le dessus, peur d'être malade et peur d'avoir peur (mais ça, seules les filles peuvent comprendre!)

Un soir, en entrant dans notre cabine, je découvre avec stupeur une fuite d'eau sur le plancher! Je pousse un cri d'effroi, car, bien sur, j'imagine déjà une voie d'eau dans la coque. Patrick, plus rusé, goûte de suite cette eau et constate qu'elle n'est pas salée, ouf! Quel soulagement!  En fait, nous avons une fuite sur la pompe d'eau douce, qui nécessitera une matinée de bricolage, dans un coffre, sous le canapé du carré.

Lors d'une prise de ris, le réa de la tête de mat casse, et pendant quelques heures, Patrick cherche une solution, il est difficile de se passer de grand- voile mais il ne faut pas prendre le risque qu'elle s'affale sur le pont, la drisse fragilisée par le réa brisé. Une solution de remplacement est ensuite improvisée, une drisse usagée installée à la place de  la balancine nous permettra de continuer la navigation.

Nous aurons également des sueurs froides, mais de courtes durées, lors de la casse d'une poulie de prise de ris, et à l'occasion du brisement d'une platine  inoxydable reliant la poulie d'écoute au mât.

LES BONS MOMENTS:

La première journée de navigation à été en tout point féerique. Une mer calme, un vent favorable nous emmenait  à 8/ 9 nœuds dans un confort de salon, nous longions les îles des Galápagos, un beau thon avait mordu à l'hameçon, le soleil brillait fort, les oiseaux nous accompagnaient, le bonheur d'une navigation parfaite existe.

Loin de tout, la réception des mails des enfants, l'un d'eux en un seul mot, un prénom féminin nous indiquant que nous serons prochainement grands- parents d'une petite fille, un autre arrivant de Corse, précieux, et des nouvelles régulières de  Ginette, de Jeannot, de Franck et de Jojo, nous ont été droits aux cœurs et nous les avons appréciés à leur juste valeur.

La fête de la mi- traversée, avec apéritif de luxe et tartines toastées de Nutella, le pot acheté en Martinique ayant fait le trajet, bien caché dans un coffre sous notre lit.

Un nombre infini de moments forts  de tendresse, de câlins, de partage et de rires à deux, avec une complicité et une joie  grandissantes.

Et l'arrivée, évidement, fut inoubliable: au petit jour, avec en toile de fond le soleil se levant sur les îles qui apparaissaient  doucement aux premières lueurs matinales, la mer  devenue enfin calme dans le lagon protégé par les barrières de corail, le visage ébloui de Patrick, et au fond, le village niché dans la baie de Rikitea, sa cathédrale, ses maisons, la petite  plage....
Quel bonheur, après cette navigation de plus de trois semaines, d'arriver à bon port!
Quel soulagement de retrouver la terre ferme, quelle exaltation d'appeler la famille afin de leur annoncer cette bonne nouvelle rassurante, la joie brille dans nos yeux, nos cœurs chantent, la vie est décidément trop belle.....

Comment conclure?
Comment résumer ?
Comment partager?

Je voudrais en une seule phrase, peut- être un peu concise, vous dire de manière réfléchie que  cette traversée m' a apporté  joie, plénitude, bonheur, sensations fortes, sentiments doux mais que le mérite en revient au seul capitaine, et la gloire à Dieu.

Si ce récit vous touche, ou vous déplait, j’attends vos commentaires avec impatience ! Allez, cliquez sur contact ou, si le lien ne fonctionne pas, à l’adresse suivante :
saltimbanquesdesflots@gmail.com

Je vous remercie.