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S.D.F.

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De la burle aux alizés

Saltimbanques Des Flots

Le Marin, escale technique.

En février dernier, nous avions laissé le bateau au port du Marin, pour rentrer en métropole et faire effectuer divers travaux. Nous le retrouvons avec joie mais les réparations inachevées nous contraignent à patienter un mois, en jonglant habilement avec les différents corps de métier.

La capacité du  port de plaisance du Marin est immense, 640 postes à quai, 200 places visiteurs, 70 postes sur bouées et une douzaine d’emplacement pour des bateaux allant jusqu’à 50 mètres sont disponibles.
Un centre de carénage, de réparation et de stockage, des dizaines d’artisans, divers magasins de pièces de rechange, des services en tout genre accueillent les plaisanciers de tous pays.
Tout peut être trouvé ici, l’électricité, la mécanique, l’accastillage, le contreplaqué, l’électronique, la voilerie, la chaudronnerie,….
Tout sera réparé sur place, l’époxy, le polyester, les moteurs hors bord ou diesel, les soudures inox et aluminium…
Les deux seules questions à ne pas poser sont « combien ? » et « quand ? »
En effet, malgré des individualités d’une gentillesse, d’un professionnalisme et d’un dévouement exemplaire, l’île subit sans cesse des événements qui contribuent à un ralentissement du travail et à un laxisme ambiant devenant insupportable.
Nous avons subi en deux mois, plusieurs grèves : les dockers du port de Fort de France ont bloqué les arrivées des containers où se trouvaient, hélas, notre chaine et notre drisse de grand voile. Une semaine plus tard, les grévistes d’E.D.F. coupaient l’électricité dans la journée et les machines s’arrêtaient au gré de leurs revendications.
Ici, il faut réapprendre la signification des promesses : « demain » veut dire « dans la semaine »,  « la semaine prochaine » indiquant simplement « dans le mois ».  Mais les artisans arrivent cependant et leur travail est effectué correctement, sans stress et avec, en prime, une gentillesse et beaucoup de bonne humeur.
Ces contretemps nous permettent de louer une voiture pour visiter l’intérieur de l’île et apprécier, une fois n’est pas coutume, la mer vue de la terre.
Question prix, la concurrence n’existant pas, les prix sont assez élevés : un filtre à huile pour un moteur coute, par exemple 18 euros, il valait 6 dollars en Amérique !
Patrick troque une bouteille de plongée achetée d’occasion contre des travaux de « gelcoat », des combines s’échangent entre marins, et nos travaux se terminent enfin. Un nouveau mouillage, un gréement tout neuf, des moteurs vérifiés et des joints renouvelés, tout est prêt ! 
Si, en navigation, nous avions rencontré beaucoup d’équipages heureux, les équipiers « à quai » connaissent plus de soucis. La plupart se débattent tant bien que mal avec leurs travaux, d’autres luttent contre une mauvaise santé, des tracas de famille, des problèmes financiers. Certains bateaux ne naviguent même plus et deviennent, avec le temps, des entrepôts flottants envahissant parfois le ponton.
Rêves brisés, illusions perdues, voyages imaginaires, que d’espoirs en tout genre noyés dans l’alcool de l’ « happy hour » du Mango !
Malgré quelques rencontres chaleureuses,  nous avons grandement hâte de reprendre l’aventure.