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S.D.F.

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De la burle aux alizés

Saltimbanques Des Flots

RETOUR AUX MARQUISES

Après notre séjour sur l’île de Maupiti, nous avons pris la mer, direction  les Marquises, où se tient cette année le mini- festival des arts.
Navigation faisant, nous allons d'îles en îles, luttant courageusement contre vents et marées, en profitant tout de même de bonnes fenêtres météo choisies consciencieusement par le capitaine.

À Raïatea, nous sortons le bateau de l'eau et, pendant une semaine, nous poncerons la coque, la recouvriront de plusieurs couches de peinture anti salissures, changerons diverses pièces mécaniques et repartirons avec un catamaran tout beau, glissant sur l'eau...

À Huahine, nous assistons aux préparatifs de la grande course de pirogues, l’Awaiki Nui Va'a. Festival de couleurs, de muscles, de bonne humeur et de sport à haut niveau, dans une ambiance toujours joyeuse, musicale et fort animée, cette course réputée difficile attire de nombreuses équipes et un public de connaisseurs.

À Moorea, nous retrouvons avec beaucoup de plaisir nos requins citron et les femelles de plus en plus  grosses reviennent tournoyer autour de nous.

À Tahiti, mouillés à la Marina Taina, nous profitons du supermarché tout proche, des magasins  bien achalandés pour regarnir les coffres de provisions en tout genre , nourriture, boissons, petit outillage et pièces de rechange.

À Toau, où nous arrivons après deux grosses journées de navigation, nous fêtons l'anniversaire de Patrick, par une plongée extraordinaire dans la passe Otugi et un délicieux repas sur un bateau copain.

Puis nous voilà revenus sur Fakarava, notre ile préférée, notre coup de cœur, et nous retrouvons avec plaisir nos connaissances, le snack d'Yvonne, l'épicière et son sempiternel sourire, la boulangerie sans pain dès sept heures du matin, Karine et Serge, nos plongeurs  pour la passe Nord......
Les plongées sont toujours magnifiques, les requins et autres poissons sont au rendez-vous, les soirées sont conviviales, joyeuses et animées.
Chez Annabelle et Leiza, nous savourons sans parcimonie de délicieux repas, dans une ambiance polynésienne gourmande et festive.

Quelle que soit la suite du voyage, une partie de notre cœur restera ici, dans cet atoll merveilleux ou nous pourrions décider, un jour, de planter un décor, entre deux cocotiers, à proximité d'une plage de sable rose et d'un lagon aux mille nuances  de bleu.

La navigation jusqu'à Makemo est ardue, sportive et demande beaucoup d’attention au capitaine qui, en fonction des grains, des orages et des violentes rafales de vent, modifie sans cesse sa voilure, change son cap et ne dors pas beaucoup.
Un petit ravitaillement en produits frais, une consultation bi- journalière des fichiers météo, quelques réglages techniques, et nous aurions du être fin prêts pour les cinq ou six jours de mer qui  auraient normalement dû  emmener, à la force du vent, notre maison flottante dans les îles des Marquises...

Mais une météo capricieuse, un emploi du temps peu surchargé et une envie de découverte nous stoppent  à Raoia, atoll de quarante kilomètres de long sur treize de large, et situé à un jour de mer de Makemo, dans la bonne direction.
Une centaine de petits motus, dont trois  seulement dépassent les quatre kilomètres, apparaissent çà et là sur la bande de corail entourant le lagon.
La navigation dans le lagon nous donne des sueurs froides, et Théo, assis dans les barres de flèches, à mi- mât, nous guide entre les "patates", blocs de corail remontant pratiquement en surface.
Nous atteignons ainsi un sympathique motu sur lequel une cabane  abrite nos pique- nique locaux composés de cœurs de palmier, de crabes des cocotiers, de loches marbrées et de corrori en carpaccio, produits cueillis, pêches ou récoltés dans la  journée  par nos marins prédateurs.
La rencontre avec les habitants est enrichissante ; ils sont heureux de discuter avec nous, désireux de nous faire partager leur île, ses ressources, mais désirent aussi s’épancher sur leurs soucis quotidiens autour d’une bière….
Comme aux Tuamotu en général, beaucoup vivent de pêche, de perliculture et de copra, sans grand souci du lendemain.
Un figurant du film sur le Kon-Tiki tient à nous montrer ses cicatrices, l’épicière nous présente des dents de cachalots trouvées sur le récif…De bavardage en bavardage, le tour du petit village de Ngarumaoa, nous prend des heures mais le temps ici semble s’être arrêté et la bouffée d’air du large que nous leur apportons leur est plaisante.
Trois jours de bonheur, d'eau claire, de balades sur le platier et nous reprenons la mer, cette fois- ci, en espérant arriver  à temps au festival de Ua- Huka, aux Marquises.